Le voyage
Larmes aux yeux, j'attendais le décollage de l'avion Ariana Airlin, une compagnie Afghane, un 347, à destination de Moscou. Quand l'avion a décollé, on aurait dit que mon cœur était sur terre et mon corps dans l'avion et au fur à mesure que celui ci prenait de l'altitude, mon coeur se déchirait, c'était une étrange sensation.
Je devais faire, de Kaboul à Moscou, de Moscou à Prague et enfin à Paris, l'escale à Moscou était long, j'avais demandé de l'aide à une hôtesse de l'aéroport de Moscou pour qu'elle m'explique la suite de mon voyage, à quelle heure et où devais je prendre l'avion pour Prague et Paris ? Elle m'avait dit que l'avion pour Prague était à 6h45 et moi j'avais compris 7h15, non pas moins le quart mais, et quart ! Me voilà dans la panique, l'avion était parti et moi, j´etait restée à Moscou !
Il fallait que je me débrouille et que je trouve une solution, je ne comprenais pas le russe et ne connaissais que quelques mots, j'avais fini par trouver un afghan qui m'avait accompagné au guichet et avais changé mes billets pour un autre avion le lendemain, et m'avait expliqué qu'il y avait un hôtel à côté de l'aéroport pour passer la nuit.
Enfin un peu rassurée... j'avais prit un bus pour me rendre à l'hôtel, je n'avais encore jamais dormi dans un hôtel.
Je me souviens que j'avais pris une douche et voulais écouter ma petite radio-cassette rouge de la marque Nova que j´avais acheté à Kaboul avec 20 cassettes de chansons afghane et indienne (Boolywood), j'avais allumé la radio et ne comprenais pas pourquoi, ça ne parlait pas en perse (afghan), toutes les stations parlaient russe, j'avais besoin d'entendre ma langue pour me rassurer, je ne savais pas que les ondes radio changeaient ! J'avais fini par mettre mes cassettes et m'étais endormie.
Le lendemain au réveil, j'avais pris un petit déjeuner et était repartie à l'aéroport, l'avion m'attendait et me voilà repartie pour Prague, l'escale à Prague n'était que d'une heure et cette fois je n'allais pas bouger de l'avion ! On peut se tromper une fois, ça sert de leçon, mais pas deux, c'était ce que me disait mon père.
Me voilà à Paris, à l'aéroport de Roissy, on était le 6 juin 1991, alors là, ça change, ça me paraissait plat (Kaboul est situé à 2700m), les gens était plus claire de peau, des cheveux blonds, ils parlaient bizarrement ... Il pleuvait.